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« La châtaigne, c’est facile. Il n’y a qu’à se baisser pour la ramasser », nous a-t-on dit.
Oui, c’est facile. C’est vrai.
Une fois que tu as trouvé des arbres, que beaucoup ici préfèrent voir crever avec eux plutôt que des les confier à un « estranger », un doryphore de parisien.
Une fois que tu les as libérés de la forêt qui les envahit sans pitié. Puis débité, bougé, re-bougé, empilé, brulé, taillé des tonnes et des tonnes de bois, de branches et de feuilles.
Une fois que tu as appris la délicate magie qui régit ces arbres centenaires et à faire taire ton instinct de survie et ta mère qui préféreraient tous les deux que tu n’y grimpes pas à 15m de haut avec une tronçonneuse.
Une fois que tu as trouvé des hectares de filets à porter, plier, déplier, emmêler puis démêler en gueulant.
Une fois que tu as compris que la forêt s’en fout de tes plans, que malgré le travail de l’année elle peut choisir de te priver de ses merveilles, pour des raisons qui lui appartiennent et que tu comprendras peut être jamais.
Une fois que tu sais faire taire la fatigue qui trouve les journées de ramasse et les nuits de tri un peu trop longues.
C’est facile la châtaigne, enfin, il suffit de se baisser !
Puis de la descendre de tout là haut, de la ramener avec des ânes qu’il faut dresser, nourrir, parquer, soigner. Puis de la flotter, la trier, la calibrer.
Il suffit de savoir la conserver, la stocker, la tremper comme les anciens. Il suffit de trouver des bons copains prêts à se lever à 5h pour aller faire de la crème de marrons et avoir la nausée sur un tapis de tri.
Il suffit enfin de trouver à la vendre ailleurs qu'aux industriels d'ici, qui transforment l'or en merde, de la livrer, de l’expédier et réussir à assurer une qualité sans compromis pour des clients aussi exigeants que talentueux.
Oui, vraiment, c’est facile la châtaigne. Et c’est bien pour ça qu’on le fait !