Yadou, pour nous, c'est bien plus qu'une chevrette qui adore les gratouilles. C'est un symbole de ce qu'on essaye de mettre en place ici à la ferme du caillou. La polyculture telle que la pratiquaient naturellement, sans la nommer, les anciens d'ici sur les terrasses escarpées dont on est devenus les chanceux gardiens.
Le lien si profondément tissé entre le vivant végétal et animal, l'amour - et le respect - des deux, on ne l'invente pas. On essaie a notre mesure, graine après graine, animal après animal, de nous aventurer sur ce chemin de la paysannerie authentique qu'ont ouvert pour nous des millénaires de bon sens avant que la pollution physique et mentale de la "civilisation" n'en brouillent les traces.
L'instinct du lien qui unit notre famille inter espèces n'était pas loin sous le vernis citadin, et Yadou (qui était destinée à finir en saucisse chez un ami éleveur) n'est pas pour rien dans cette redécouverte, comme Ibu, les poules, les chats, les chevaux et le mulet avant elle. Passer une matinée à accompagner sa première mise bas et voir la confiance dans ses yeux face à la douleur, devoir accepter la mort de son chevreau et l'enterrer en pleurant au pied des fruitiers auront achevé de nous convaincre de ce que nous savions déjà : il n'y a de ferme que vivante. Du sol à ce qui y pousse et ceux qui s'y nourrissent. Vivants, et ensemble.
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