Ça y est.
La saison des châtaignes s'achève.
Alors qu'on trie les dernières centaines de kilos de fraîche et que le reste a été transformé et mis en pots, je peux lever la tête du guidon pour la première fois depuis plus de deux mois.
Les châtaignes sont le trait d'union entre les saisons : on commence à ramasser en t-shirt aux derniers beaux jours de l'été indien et on termine avec les premières gelées - et des gants.
Mais c'est un travail si harassant qu'on ne lève que rarement les yeux, et à gratter le sol du levant au couchant, obnubilé par ces perles brunes, on en oublierait presque l'incroyable ballet des feuilles qui jaunissent, s'enflamment de carmin puis tombent avec grâce. Des cultures qui, mourant et naissant, annoncent la météo avec plus de précision que n'importe quelle chaîne. Des couleurs dans les assiettes qui changent et se réchauffent à la flamme du poêle qu'on rallume.
Heureusement, notre Ardèche, merveillous païs, trouve toujours un moyen de nous ramener à la beauté des saisons qui se succèdent, de ce paysage qui n'est jamais le même deux fois.
Et même avec trois tonnes de châtaignes dans l'épaule et deux mois sans sommeil sous les yeux, elle nous rappelle surtout que du printemps à l'hiver, la vie y est toujours belle, et qu'un peu de rudesse n'est pas bien cher payé.
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